Antonine Maillet, la grande voix de l’Acadie, s’est éteinte à l’âge de 95 ans dans la nuit du 17 février 2025.
Romancière,
dramaturge et essayiste, Antonine Maillet a fait résonner dans son
œuvre le souffle d’une langue française aux accents uniques. Sa
renommée s’étend aujourd’hui à toute la francophonie et bien
au-delà.
Portée par une voix unique – qui faisait encore
entendre dans son souffle la langue de Rabelais, dont Antonine
Maillet était une spécialiste –, son œuvre, amorcée en 1958
avec Pointe-aux-Coques et terminée en 2024 avec Le roi Ovide XIX,
comprend au-delà d’une quarantaine d’ouvrages de fiction et de
théâtre.
Figure de proue de la littérature acadienne contemporaine, elle a reçu, au cours de sa foisonnante carrière, de nombreux prix littéraires, dont le Prix littéraire du Gouverneur général du Canada pour Don l’Orignal, publié en 1968, et le prestigieux prix Goncourt en 1979 pour son roman Pélagie-la-Charrette, ce qui en a fait la première femme non européenne à le recevoir.
Cet ouvrage demeure toujours, plus de 45 ans après sa parution, la seule œuvre canadienne à avoir été couronnée du Goncourt.
Après l’obtention d’un baccalauréat en 1950 du Collège Notre-Dame d’Acadie, elle intègre la congrégation des religieuses Notre-Dame-du-Sacré-Cœur et, comme religieuse, elle utilise le nom de sœur Marie-Grégoire. C’est lorsqu’elle vit en communauté qu’elle fait paraître ses premiers livres, dont son premier roman Pointe-aux-Coques et sa pièce Poire-Acre en 1958. Elle termine une maîtrise ès arts en 1959, puis à la fin des années 60, elle étudie à Paris. En 1970, elle obtient un doctorat en littérature à l’Université Laval. Sa thèse, Rabelais et les traditions populaires en Acadie, est publiée en 1971.
Antonine Maillet a enseigné durant de nombreuses années, d’abord au Collège Notre-Dame d’Acadie, à l’Université de Moncton, au Collège des Jésuites de Québec, à l’Université Laval et à l’Université de Montréal.
C’est à la Bibliothèque
Champlain de l’Université de Moncton, en juillet 1971, qu’Antonine
Maillet choisit de lancer, dans une mise en scène mémorable à
l’insu des invités et avec sa complice Viola Léger, la première
édition des monologues de « La Sagouine », qui connaît dès
lors un succès retentissant tant en Acadie et au Québec qu’au
Canada anglais. Ce succès d’Antonine Maillet sera le premier d’une
longue série qui connaîtra son apogée avec l’attribution du
Goncourt.
De 1989 à 2000, Antonine Maillet a occupé les
fonctions de chancelière de l’Université de Moncton, devenant
ainsi la première femme à assumer ce poste. En 1999, elle
participe, entre autres à titre de chancelière, au Sommet de la
Francophonie, tenu à Moncton, et anime la cérémonie d’accueil du
président de la République française Jacques Chirac à Memramcook,
berceau de l’Acadie moderne.
Son œuvre a inspiré la création d’une attraction touristique unique au Canada, Le Pays de la Sagouine, qui a ouvert ses portes en 1992 dans la baie de Bouctouche. Dans ce merveilleux lieu de création et de rassemblement, l’imaginaire d’Antonine Maillet donne vie à une multitude de personnages et offre ainsi à plus d’une centaine de comédiens et comédiennes l’opportunité de vivre pleinement leur passion pour le théâtre en français.
Au nombre des honneurs, que cette figure emblématique de la littérature acadienne a reçus au cours de sa prolifique carrière, il faut compter, en plus d’une trentaine de doctorats honorifiques, de nombreuses hautes distinctions telles que compagne de l’Ordre du Canada, membre de l’Ordre du Nouveau-Brunswick, officier de l’Ordre de la Pléiade de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie et commandeur de l’Ordre du mérite de France.
En 2021, le président de la République française, Emmanuel Macron, lui a remis les insignes de Commandeur de l’Ordre de la Légion d’honneur, le plus haut grade dans l’ordre.
(www.hommagenb.com)